Et si être fort était notre faiblesse ?
Et que devient l’échec face à une force sans faille ?
Dans une société où l’échec n’est pas envisageable, voire n’est pas permis, être fort semble être la condition sine qua non à une réussite sociale, professionnelle, voire même relationnelle.
Le contrôle forcené ; l’injonction de la maîtrise : voilà les compagnons de route d’un idéal de performance que l’on nous souffle dès l’enfance.
Ô combien énergivores, ces postures nous soudoient et polissent nos masques pour satisfaire notre blason social.
Je vous l’accorde, c’est tout de même satisfaisant de brandir notre force, nos réussites et nos victoires.
Mais que faire de ces chutes ? De ces erreurs ? De ces creux ? Là où rien ne brille et entache nos masques ?
Et d’ailleurs, c’est quoi, cette force ?
On l’associe souvent à la résistance.
« Si je ne bouge pas, si je tiens bon, si je ne craque pas… c’est que je suis fort. »
Mais, et si ne pas se mettre en mouvement était une forme de faiblesse ?
Résister et tenir fermement, à se crisper et flirter avec la douleur — ne serait-ce pas là une preuve d’immobilité ?
Je reste là, figé, car l’inconnu me fait peur et le changement m’angoisse ?
Mais tenir… jusqu’à quand ? À quel moment ? Jusqu’à quel point de rupture ?
Finalement, pourquoi ne pas embrasser ce point de rupture ?
Ne serait-ce pas le début d’un commencement ? D’un autre soi ?
Difficile de s’y projeter, bien sûr.
Et pourtant, l’échec est indispensable à notre rapport à soi, à condition qu’on lui offre sa place légitime pour le réinvestir sainement.
Il n’y a pas d’échecs ni d’erreurs, mais seulement des opportunités de grandir.
Depuis notre plus tendre enfance, l’échec, l’erreur font partie intégrante de notre condition d’être.
Ils sont là pour nous porter plus loin, avec une force plus juste.
Ils permettent de ne pas faire naître cette force qui nous épuise à tenir.
Ils nous découvrent, nous désarment, nous dépouillent de ces masques et projettent notre reflet : la résilience, qui nous autorise à accueillir notre vérité mise à nu.
C’est cette vulnérabilité, dans ce creux, où réside ce que nous sommes.
Nos désirs inconcevables, notre visage et notre personnalité inassumés, ce que nous voulons être pour soi et non pour les autres. Cet espace dépourvu de honte, d’oppression tyrannique où l’on se retrouve face à soi avec bienveillance, voire même avec admiration. Car il n’y a rien de plus courageux que d’être confronté à la juste dureté de l’épreuve afin d’accueillir l’authenticité d’être.
L’exigence paternelle, le culte de la performance ou même l’idéal d’excellence scolaire sont des exemples qui pourraient nous pousser à hériter de cette force coûteuse et délétère.
La peur de l’échec n’est qu’une conséquence, pas moins malsaine. C’est un prolongement devenu une norme, une défense…
En séance, les erreurs sont sources d’émergence à être soi.
Les patients les déposent, les disloquent, les étalent et les réinvestissent pour se rencontrer à travers elles.
En réaménageant ces difficultés, ils comprennent qu’il n’est pas question d’être fort, mais de faire face à soi avec justesse et authenticité.
Et vous, êtes-vous prêt à vous retrouver dans l’erreur ?
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